Le britannique Paul Chantler a ouvert, il y a plus de 25 ans, son premier pub doté d’une micro-brasserie. Son ambition : faire découvrir la bière anglaise aux Français. Pari réussi puisqu’il est désormais à la tête d’un groupe de 13 restaurants et que ses produits sont vendus jusqu’en grande surface
» Un pub ouvert par un rosbif pour les frogs « . Voici comment Paul Chantler décrit son tout premier établissement inauguré il y 26 ans maintenant. Autrement dit, voici comment un Anglais a su bousculer les codes de la restauration parisienne. Paul Chantler est aujourd’hui à la tête du réseau FrogPubs qui compte huit établissements dans la capitale, un à Bordeaux et un à Toulouse. Les FrogBurger (restaurants mono-produits), c’est lui aussi. Cet empire trouve son origine sur les bancs de l’Insead, à Fontainebleau. Paul Chantler est alors en MBA et, pour son projet de fin d’études, il doit plancher sur un business plan.
» Avec un camarade, nous pensions réaliser quelque chose autour de la bière, et pourquoi pas imaginer un pub anglais dans un marché français très stratifié, entre les cafés, les brasseries, les bars… « , se souvient-il. Le projet d’étude devient réalité et fin 1993, le premier pub Frog, baptisé » Frog and Rosbif » ouvre rue Saint-Denis à Paris 2ème. Très vite, se pose alors le problème de l’approvisionnement en bière anglaise. Pour y remédier, l’entrepreneur songe à installer une micro-brasserie au sein de son établissement.
Une carte renouvelée au fil des saisons
Bien sûr, il lui a fallu apprendre à brasser, car le credo de Paul Chantler, ce sont les bières artisanales, inspirées du savoir-faire britannique. » Avec mon équipe, nous avons fait beaucoup d’erreurs au début, mais c’est ainsi que nous avons appris, partage-t-il. Il y a aussi eu au fil des ans des produits qui n’ont pas fonctionné, soit beaucoup d’échecs qui nous ont finalement aidés à construire notre gamme de bières. »
Aujourd’hui, FrogPubs possède une solide compétence en la matière. Ses produits sont d’ailleurs réunis sous l’entité FrogBeer. Chaque année, le groupe met sur le marché une trentaine de recettes dont dix inédites. » Nous réfléchissons à des thèmes que nous voulons explorer. L’an dernier par exemple, nous avons passé beaucoup de temps à apprendre comment faire une bière avec très peu d’alcool. Techniquement, elle est difficile à réussir, mais c’est un marché de niche, en très fort développement « , commente Paul Chantler. 90 % des produits de FrogPubs sont consommés dans les pubs. Les 10 % restants sont vendus soit en vente directe (les consommateurs peuvent commander les bières sur le site www.frogpubs.com et récupérer leurs bouteilles en pub), soit en CHR, soit dans la grande distribution. Depuis trois ans, Monoprix compte en effet plusieurs références de FrogBeer dans ses rayons.
Développer la vente des bouteilles
» C’est un marché qui évolue vite : quand nous avons commencé, il y avait une trentaine de brasseries en France. Aujourd’hui, il y en a plus de 1250. L’offre explose. C’est pourquoi nous soignons la qualité de nos produits grâce à des compétences techniques, quitte à s’appuyer sur la chimie ou la microbiologie « , poursuit Paul Chantler. La PME fait aussi appel à des compétences externespour élaborer ses recettes, comme un spécialiste des épices pour travailler sur une bière au poivre et piment par exemple. D’ailleurs, certaines de ses bières ont même été reconnues par les experts du secteur : la » rhubarb white « , notamment, a reçu l’Or lors du concours International Beer Challenge 2018.
En interne, tous les responsables de brasserie sont régulièrement formés, la plupart des pubs du groupe possédant leur propre micro-brasserie. Ceux qui manquent de place pour une telle structure s’approvisionnent à la brasserie centrale du groupe, basée à Pierrefitte-sur-Seine (93). » Les pubs sont aussi des lieux propices aux échanges avec ceux qui achètent nos produits. Nous prenons en compte leurs retours « , apprécie Paul Chantler. Le dirigeant dit vouloir accentuer la vente aux tiers. Il travaille actuellement à de nouveaux partenariats auprès de distributeurs de la GMS ou du secteur de la restauration, à l’instar de celui avec France Boissons.