Tel est enseignement majeur de l’étude de rémunération annuelle nationale 2019 menée par le cabinet Hays. Les entreprises doivent désormais également raisonner en termes de QVT (qualité de vie au travail) afin d’attirer et séduire de nouveaux collaborateurs.
« Cette étude* met en exergue une information primordiale et totalement nouvelle : la rémunération n’est plus en 2019 la première raison pour changer d’emploi », commente Oualid Hathroubi, directeur adjoint de Hays Ile-de-France. « C’est un réel changement. L’intérêt du poste proposé et la qualité de vie sont désormais une priorité. Trois autres enseignements sont également à retenir en 2019 : 1 – la forte envie des candidats de changer de poste, 2 – le dynamisme du marché de l’emploi se poursuit et 3 – il est maintenant nécessaire pour les entreprises de raisonner en termes de qualité de vie au travail et non plus seulement en termes de rémunération pour être attractives. »
Du côté des candidats
Les enseignements principaux à retenir de cette étude, côté candidats :
– La rémunération n’est plus la première raison pour changer d’emploi en 2019. Ce critère perd 17 points par rapport à l’année passée (61% vs 44%). L’intérêt du poste à pourvoir se positionne désormais en première place des raisons invoquées pour changer d’emploi (53%). Arrivent respectivement en 2e et 3e place, une rémunération plus attractive (44%) et les perspectives d’évolution (41%).
– 79% des candidats interrogés envisagent de changer d’emploi en 2019 et donc, de saisir une nouvelle opportunité professionnelle. Ils n’étaient que 55% l’année passée à en émettre le souhait et à vouloir passer à l’acte. L’augmentation de + 24 points est très importante et peut être significative d’une meilleure confiance en l’avenir.
– À noter également que le nombre de personnes ayant changé de poste en 2018 reste stable par rapport à 2017 ; soit 33% des personnes interrogées.
Du côté des entreprises
Les enseignements principaux à retenir, côté entreprises:
– 90% des entreprises interrogées ont déclaré avoir accordé des augmentations à leurs salariés en 2018, soit une hausse de 5 points par rapport à l’année précédente.
– 49% l’ont fait de manière collective l’année passée contre 34% en 2017. Une hausse très significative de 15 points mais qui ne doit pas masquer le fait que l’augmentation accordée ne dépasse pas les 2% pour une grande majorité des salariés, soit tout juste celui du taux annuel de l’inflation en 2018.
– Les entreprises sont optimistes en ce qui concerne leurs futurs recrutements. 95% de celles qui ont été interrogées par Hays déclarent avoir recruté en 2018.
– 80% le feront également en 2019 pour trois raisons principales : le remplacement suite à une démission ou un licenciement (74%), l’accroissement de l’activité (64%) et la création de nouveaux postes (53%).
Selon Oualid Hathroubi, trois éléments significatifs sur le plan de la rémunération sont à prendre en compte :
– « Si les entreprises prévoient de nettes augmentations de salaires pour 2019, celles-ci seraient plus marquées pour les cadres et pour les professions nécessitant une expertise pointue (métiers du digital, analyse de données, intelligence artificielle). Ce constat s’explique également par l’amélioration du pouvoir de négociation des salariés, particulièrement les cadres et les hauts salaires. Augmenter les rémunérations sur certains secteurs est aujourd’hui « normal », néanmoins l’entreprise doit maintenant s’intéresser à d’autres facteurs pour être compétitive ».
– « Les tensions sur le marché du travail, notamment consécutives aux postes vacants liés à la difficulté de trouver des bons candidats, ont pour effet d’améliorer le pouvoir de négociation des salariés et devraient permettre des hausses de salaires plus conséquentes en 2019″.
– « Les entreprises doivent désormais raisonner en termes de QVT (qualité de vie au travail). Les gens veulent travailler pour des entreprises engagées et responsables qui respectent l’équilibre vie professionnelle et vie privée. Et la réelle évolution des mentalités est là ».
Quels sont les secteurs qui tirent leur épingle du jeu en 2019 ?
– La supply chain & achats et la logistique & transport, pour fluidifier les process en optimisant les coûts. La supply chain étant synonyme de nouveauté et d’optimisation, beaucoup de fonctions sont en mutation. Les entreprises valorisent cette activité qui leur permet de minimiser leurs coûts. Si rien n’indique que la période favorable que nous connaissons sera de courte durée, il est difficile de savoir quels niveaux atteindront ces évolutions.
– L’administration des ventes & support achats. Une hausse qui perdure. L’année 2019 devrait poursuivre la tendance déjà observée en 2018. Afin d’améliorer la qualité du service client et fidéliser la clientèle, les entreprises n’hésiteront pas à investir dans les meilleurs profils. Les compétences linguistiques et informatiques (telles que Excel, ERP, etc.) seront toujours requises. Enfin, la montée en puissance du numérique engendrera une diversification des métiers de l’ADV.
– IT services. Les nouveaux travailleurs indépendants. Les transformations culturelles auxquelles nous assistons aujourd’hui amènent les salariés à réfléchir et adhérer à ce nouveau statut synonyme de choix, que ce soit en termes de projets ou d’organisation. Ces mutations mêlées aux nouveaux enjeux des entreprises en termes de digitalisation, de sécurité et de cybersécurité présagent d’un avenir radieux pour le développement du travail indépendant dans le secteur informatique.
*Pour la 9e année consécutive, le cabinet de recrutement Hays, en partenariat avec HelloWork (recrutement et formation), publie les résultats de son étude annuelle de rémunération en France. Plus de 5 000 personnes (candidats et entreprises) ont été interrogées afin de décrypter les tendances nationales de recrutement dans 25 secteurs d’activité différents, du 17/09/2018 au 15/10/2018.
Les autres secteurs qui tirent leur épingle du jeu en 2019
– L’architecture. Un marché dynamique. La demande de profils maîtrisant la technologie BIM restera forte et les agences de recrutement devront se démarquer pour attirer et fidéliser les spécialistes dans ce domaine. Il est regrettable que les responsabilités et la charge de travail de l’architecte soient peu reconnues, compte tenu de la complexité croissante des ouvrages et des missions. Ainsi, on note une différence importante entre les rémunérations pratiquées en architecture et celles en Ingénierie. Les commandes privées ayant pris le pas sur les commandes publiques, il existe un risque de baisse des missions des architectes. En dépit d’un tassement des demandes de permis de construire dans le logement, la conjoncture reste favorable.
– La banque, qui donne priorité à l’innovation. Le secteur poursuit sa mutation et de plus en plus d’opérateurs (les Fintechs, les banques en ligne, les grands groupes, etc.) proposent des services financiers. Cela pousse les opérateurs traditionnels à réduire leurs effectifs en agence, notamment sur les fonctions accueil, et à concentrer leurs recrutements sur des profils plus spécialisés. Les nouveaux acteurs bancaires bénéficient d’une organisation moins lourde et proposent de nombreuses opportunités professionnelles, laissant entrevoir de belles perspectives pour 2019.
– Le bâtiment et les travaux publics. Une croissance soutenue. En 2019, le secteur de la construction devrait poursuivre sa croissance, mais à un rythme moins important que celui de l’année passée, notamment en raison d’incertitudes liées aux mesures gouvernementales. Les intentions d’embauche en Production devraient rester à un niveau élevé avec des entreprises de taille intermédiaire qui recrutent proportionnellement plus que les majors du secteur. La demande de profils intervenant en amont de la production devrait légèrement diminuer. Dans ce contexte tendu, chaque décisionnaire doit prendre la pleine mesure de l’état du marché et optimiser ses process de recrutement afin de capter les meilleurs candidats. Le métier qui mérite une attention particulière est celui de conducteur de travaux principal. Véritable manager, il gère à la fois la sécurité, les budgets, les équipes chantier et les délais. Ce profil est en charge de la globalité du projet. Doté d’une bonne capacité managériale, il supervise des conducteurs et le chef de chantier. Pour ce type de poste, un Bac +2 minimum (type BTS Bâtiment) est requis. Le conducteur de travaux principal peut également poursuivre un cursus d’Ingénieur au sein d’écoles renommées (ESITC, ESTP,HEI, etc.). Si une formation Bac +5 permet un accès rapide à des fonctions d’encadrement,une expérience de 3-4 ans en conduite de travaux sera tout de même nécessaire.